dimanche 26 avril 2009

Appel des appels : l’essentiel va se faire dans les comités locaux.

A lire: l'article publié sur le site de Radio Galère par Max, suite à la réunion du 17 avril.
L’appel des appel se réunit pour la deuxième fois à Marseille ce vendredi 17 avril 2009. Il a rassemblé des étudiants, des chômeurs, des soignants (pédopsychiatres, psychanalystes), des formateurs, des enseignants et directeurs(trices) d’écoles, des enseignants - chercheurs, des artistes, des militants syndicaux et politiques, des représentants des medias locaux. Non à la politique de la peur !
La suite sur le site de Radio Galère.
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dimanche 19 avril 2009

La pénétration de la "raison marchande" dans le secteur social

Vendredi 17 avril a eu lieu la première soirée de ce qui est appelé à devenir le comité local - Marseille et sa région - de l'Appel des Appels. La librairie Païdos accueillait ce rendez-vous auquel ont participé quelque deux cents personnes... Nous rendrons compte plus en détail dans les jours qui viennent de la teneur de cette rencontre et des idées qui y ont été défendues, débattues.

Parmi les personnes qui sont intervenues ce soir-là, Bernard Organini, formateur (et chargé de cours de Sociologie) à l'Institut Régional du Travail Social.

Il est intervenu pour évoquer la question de la pénétration de l'idée "marchande" dans le secteur social. Voici un texte qui va un peu plus loin sur cette thématique et qui pourrait être l'un des axes de réflexion et de travail de l'Appel des Appels 13...


Nous vivons dans un monde dominé par le culte de la performance, fasciné par "l’élite" et le luxe, mystifié par le marché censé assurer, par une saine concurrence, la réussite des meilleurs et l’abondance à tous.

Cette illusion a fait des dégâts considérables en réduisant la vie humaine à son utilité marchande (à quoi çà sert, combien çà coûte, combien çà rapporte, sont les questions essentielles que la « pensée libérale » se pose sur le monde).

Plus de vision de l’avenir, celui-ci étant ramené à la gestion du présent, à « l’adaptation continue et fluide aux actions des concurrents » (Ernest Antoine Seillière).

Cette "raison marchande" pénètre maintenant notre secteur sous différentes formes.

De l’extérieur, venant des pouvoirs publics, des puissances financières et des médias, la vision de tout ce que nous faisons comme un coût (puisque çà ne prend pas la forme d’une marchandise vendue sur un marché) et non comme une valeur, une contribution à un mieux être collectif, par l’allègement des difficultés des plus fragiles.

Donc les sollicitations dont nous sommes l’objet sont principalement de coûter moins cher, de faire pareil mais avec moins, avec la suspicion permanente de gaspiller de l’argent qui serait plus utile ailleurs. Ceci d’autant que, loin de nous consacrer à ces « gagnants » qui sont sous les projecteurs et à qui tout est dû, nous nous consacrons aux faibles, aux perdants.

De l’extérieur encore, elle nous arrive avec une sollicitation permanente au spectaculaire et à l’urgence. Ce qui n’est pas médiatisé n’existe pas et ce qui n’est pas caricatural et chargé d’émotions ne mérite pas d’être médiatisé. Donc la moindre des choses serait qu’on se mette au garde à vous, toutes affaires cessantes, dès que quelque chose de spectaculaire se passe.

Bien sûr cela manifeste un mépris constant et croissant pour le travail que nous faisons au quotidien, dans l’ombre car l’accompagnement des personnes en difficulté demande au contraire patience et discrétion.

De l’extérieur toujours, l’aide aux personnes se découpe de plus en plus en prestations que l’on va dissocier les unes des autres et confier à des « prestataires » différents selon une logique d’appels d’offre qui seront accordées au moins disant (celui qui propose le moins cher) et non au mieux disant (celui qui propose la meilleure qualité). Ainsi les prestations de restauration sont confiées à des spécialistes de la nourriture insipide standardisée en même temps que les contrôles hygiénistes obsessionnels (à cause de quelques affaires ultra médiatisées et du souci des politiques et des gestionnaires de se « couvrir ») font fermer ou rendent financièrement impossibles les cuisines « familiales » de beaucoup d’établissements.

De l’intérieur, la logique néolibérale entre clandestinement dans les valises de la professionnalisation croissante de nos métiers qui s’inscrit dans une tendance générale des sociétés humaines à la division du travail.

Elle entre dans les valises du souci de qualité et d’évaluation de notre travail, que nous valorisons, nous, dans la mesure où cela accroit notre compréhension des problèmes de plus en plus complexes que nous avons à traiter, permet plus de respect des personnes, de nuances dans les solutions imaginées, d’ajustements permanents dans les mises en œuvre.

Parallèlement à cet enrichissement individuel et collectif, on voit se manifester une volonté de technicisation, de mise en place de procédures, de « produits d’insertion », de solutions « clefs en main », formes gadgétisées qui jettent de la poudre aux yeux mais pourrait faire de nous de futurs exécutants, magasiniers vendeurs de produits standardisés et labélisés à des « clients » avec comme compétence restante, de savoir leur en expliquer le mode d’emploi.

Elle entre dans les valises de la personnalisation du service rendu qui a fait de spectaculaires progrès depuis une vingtaine d’années et continue d’en faire, stimulée par les récentes lois (2002, 2005, 2007). Mais en même temps, on voit se propager une réduction des problèmes sociaux à leurs manifestations individuelles, chaque personne demandeuse d’aide étant mise en demeure d’élaborer un projet de vie, de manifester une volonté de s’en sortir, se voyant offrir des moyens tout aussi individualisés pour ce faire (des coachs partout, pour le soutien scolaire, pour l’insertion professionnelle) au détriment d’une prise en compte de la dimension collective de l’existence de chacun ( de plus en plus de solitude, d’abandons, de discrimination) et du cadre global de vie qui continue de se dégrader (logements introuvables, trop chers, quartiers ghettos , politique de la ville en déliquescence).

Pour le collectif 13 en colère B.ORGANINI

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mercredi 15 avril 2009

Création du comité local de l'Appel des Appels: rendez-vous le 17 avril à la librairie Païdos

La prochaine soirée de l'Appel des Appels Marseille aura lieu vendredi 17 avril 2009 à partir de 19 heures à la librairie Païdos, 54 cours Julien (6e). Cette soirée aura pour objet la constitution d'un comité local de l'Appel des Appels.
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mercredi 8 avril 2009

Si la solidarité devient un délit, nous demandons à être poursuivis pour ce délit !

Objectif chiffré de reconduites à la frontière pour 2010 : 28 000
Objectif chiffré d’interpellations d’aidants pour 2010 : 5 500
(source : Loi de finances 2009)
Si la solidarité devient un délit, nous demandons à être poursuivis pour ce délit ! Aujourd’hui, en France, il est devenu criminel d’accueillir, d’accompagner, ou seulement d’aider une personne en situation irrégulière...

Le 18 février 2009, à 7h45 du matin, la police frappe à la porte de Monique Pouille, 59 ans, bénévole aux Restos du cœur et à l’association Terre d’errance. Depuis deux ans et demi, cette femme organise les dons de nourriture et d’habits pour les migrants qui errent autour de Calais dans l’espoir de passer en Angleterre. Elle recharge aussi leurs portables. Les policiers lui on dit: "On vient vous chercher pour vous mettre en garde à vue, pour flagrant délit d’aide aux personnes en situation irrégulière".

L'interpellation le 16 février 2009 d'Hamid, un sans‐papiers accueilli par la communauté Emmaüs de Marseille Pointe‐Rouge, s'est transformée le 17 février 2009, en opération policière dans cette communauté. Ainsi, sur décision du parquet de Marseille une perquisition a eu lieu dans la dite communauté Emmaüs aux fins de recenser la présence d'éventuels compagnons sans papiers. Dans le même cadre, Kamel un responsable de la communauté a été mis en garde à vue pendant 6 heures le 17 février.

Ces faits s’ajoutent à une liste déjà longue de militants associatifs ou de citoyens ordinaires poursuivis pour avoir manifesté leur solidarité ou agi avec humanité à l’égard de migrants privés du droit au séjour. Alors demain, quels gestes du quotidien seront punis pour remplir les objectifs du Ministère de l’immigration ? Votre médecin sera‐t‐il interpelé pour avoir soigné un sans‐papier malade, ou votre facteur pour lui avoir distribué son courrier ? L’instituteur de vos enfants sera‐t‐il inquiété pour avoir appris à lire à un enfant dont les parents sont en situation irrégulière ?

Nous sommes tous concernés : parce qu’ avant d’être « sans‐papiers », ces hommes, ces femmes et ces enfants sont des personnes en difficulté, isolées et démunies qui ont des droits et il est de notre devoir de citoyen de les aider dans la dignité et le respect dû à chaque être humain.

Alors si la solidarité devient un délit, nous demandons à être poursuivis pour ce délit !

Mercredi 8 avril 2009, à 10h00, devant les palais de Justice de Paris, Lille, Marseille, Strasbourg, Lyon, Bordeaux, Toulouse, Rennes et ailleurs en France, nous serons 5 500 à nous présenter comme prisonniers volontaires, affirmant avoir, un jour, aidé un homme ou une femme sans‐papiers en difficulté. Nous serons 5 500 citoyens décidés à rester des « aidants » !

Si vous souhaitez participer à ces rassemblements, vous pourrez dès vendredi 27 mars vous inscrire sur le site d’Emmaüs France ou sur celui des délinquants solidaires. D’ici là, pour tout renseignement ou pour faire part de votre participation, n’hésitez pas à prendre contact avec Teddy Roudaut: troudaut@emmaus‐france.org – 01 41 58 25 32

SOYEZ NOMBREUX A NOUS REJOINDRE !!!!

Premières Associations Partenaires: Emmaüs France / RESF / Fédération Entraide Protestante / Cimade / COMEDE / Gisti / FASTI / UNIOPSS

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lundi 6 avril 2009

Que signifie le mouvement des désobéisseurs dans le contexte actuel ?

L'intervention de Diane Combes, institutrice "désobéisseuse" dans le département des Bouches-du-Rhône, à la soirée de l'Appel des Appels Marseille, le 12 mars dernier.

La mobilisation des désobéisseurs est un signal fort dans notre société, le signal d’une panne de démocratie.
Désobéirait-on si les lois et les règlements résultaient de choix retenus démocratiquement par voie de consultation ? Bien sûr que non !
La désobéissance civile apparaît lorsque les lois et les décrets bafouent la dignité humaine, menacent les libertés, détruisent le lien social, cherchent le contrôle sur les corps et les esprits. En bref, elle s’impose quand la conscience est interpellée.

« En conscience, je refuse d’obéir ! »

Le mouvement des désobéisseurs en mettant la conscience au centre du débat, redonne de fait la priorité à l’être humain dans son essence.

Extrait de la lettre d’Anne-Marie PONS, directrice d’école en Hautes-Pyrénées :

"Certes je pourrais choisir d'obéir et de correspondre ainsi à ce que l'Institution attend aujourd'hui d'un fonctionnaire. Mais je crains que l'obéissance voulue et imposée actuellement par l'Education Nationale n’altère ma conscience et ne détruise ce qui fait de moi un être humain, en tant qu’être pensant.
Grâce à l'embûche placée sur mon chemin par l'Institution, sous forme de Base élèves, je réalise que l'obéissance d'un fonctionnaire à sa hiérarchie pose problème lorsque l'ordre correspond à une idéologie d'état et pas à une mission de service public. Cette obéissance non consentie confine à l'allégeance et je ne peux en accepter une parcelle sans mettre en danger le tout."


La prise de conscience de l’urgente nécessité de se comporter en homme libre face à la tentative de main mise sur les consciences opère une transformation salutaire en soi-même, débloque des énergies insoupçonnées, engendre des synergies et des solidarités nouvelles.
C’est là pour moi tout l’enjeu du mouvement de désobéissance : il nous transforme nous-mêmes, il change notre regard et notre rapport au monde.
Dans les luttes actuelles les rapports de force ne suffisent plus.
Loin des clivages idéologiques qui divisent inlassablement le monde et l’entraîne vers la violence, la prise de conscience de notre commune spécificité humaine à travers le respect de notre liberté de conscience individuelle, engendre une révolution intérieure qui pourrait constituer le pivot de la transformation de la société, le prélude d’un monde nouveau et libre.

Diane Combes (institutrice désobéisseuse dans le 13)

Accéder au site "Résistance pédagogique" en cliquant ici.

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